Se former à l’intelligence artificielle générative (IAG) en tant qu’enseignant de FLE : retour sur la formation d’IFprofs

L’intelligence artificielle générative (IAG) est sur toutes les bouches. Il faut dire qu’elle est en passe (si ce n’est déjà fait) de révolutionner de nombreux domaines en raison des nouvelles opportunités et nouveaux usages qu’elle offre.

Le nombre croissant d’applications, de logiciels et de contenus basés sur l’IAG témoigne de ce phénomène qui n’est pas prêt de tarir. Bien au contraire, son adoption grandissante rend d’autant plus essentiel le besoin de se mettre au diapason pour apprendre à la maîtriser, comprendre son fonctionnement, ses potentialités, tout en ayant conscience des limites éthiques qu’elle soulève.

Face à une technologie qui a pris une telle envergure en si peu de temps, il est normal de se sentir submergé(e) lorsqu’on s’y intéresse pour la première fois et se demander : par où commencer ?

Pour les enseignants de Français Langue Étrangère (FLE), nous avons trouvé que certaines ressources proposées sur le site IFprofs étaient particulièrement intéressantes pour une première approche de l’IAG en lien avec l’enseignement-apprentissage en FLE.

Dans cet article, nous vous proposons un bref résumé et notre retour sur la formation « Le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) en FLE : par où commencer ? » que nous avons suivie sur la plateforme IFprofs. Notre objectif est de vous en proposer un bref résumé pour vous montrer comment l’intelligence artificielle générative peut devenir un outil précieux pour les enseignants de FLE, en enrichissant leurs pratiques pédagogiques et en facilitant la création de supports adaptés. Nous avons choisi cette formation car celle-ci a été conçue par Bhushan Thapliyal (Learning Vibes) et est proposée par l’Institut Français qui sont tous deux, des indicateurs de qualité et sérieux. En outre, la formation est gratuite (il suffit de s’inscrire gratuitement sur le site d’IFprofs), courte et très bien structurée.

Intelligence Artificielle (IA) vs Intelligence Artificielle Générative (IAG), quelles différences ?

La formation Le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) en FLE : par où commencer ? débute en expliquant la différence entre l’intelligence artificielle (IA) et l’intelligence artificielle générative (IAG). 

En bref, l’intelligence artificielle (IA) est un domaine vaste qui englobe toutes les technologies capables de simuler certaines fonctions cognitives humaines, comme la compréhension du langage, la prise de décision, ou l’apprentissage automatique. Sans que l’on en ait toujours conscience, celle-ci est déjà omniprésente dans notre quotidien : on la retrouve dans des systèmes de reconnaissance faciale sur nos smartphones ou encore dans des assistants vocaux comme Siri ou Alexa, en passant par les algorithmes de recommandation sur les plateformes de streaming comme Netflix ou Spotify. 

Le domaine de l’éducation n’est pas en reste. En effet, dans ce domaine, l’IA offre des perspectives prometteuses, notamment en permettant de personnaliser l’apprentissage. Par exemple, elle peut adapter le contenu pédagogique en fonction des forces et des faiblesses de chaque apprenant, proposer des exercices supplémentaires pour aider un élève à surmonter des difficultés spécifiques dans une matière ou même prévenir le décrochage scolaire en identifiant les élèves à risque grâce à l’analyse de données comme les notes, la participation en classe ou les habitudes de connexion. 

L’intelligence artificielle générative (IAG) quant à elle est un sous-domaine de l’intelligence artificielle qui se concentre sur la création de contenus nouveaux et originaux. Contrairement aux systèmes d’IA traditionnels, qui analysent et interprètent des données, l’IAG génère des textes, des images, de la musique ou même du code informatique à partir des données qu’elle a apprises. Des outils comme ChatGPT ou Midjourney illustrent parfaitement cette capacité à produire des contenus innovants en quelques secondes, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour les enseignants de FLE.

Comment fonctionne l’IAG ?

La formation explique que le fonctionnement de l’IAG peut être comparé à celui d’un artiste ou d’un chef cuisinier talentueux, capable de combiner des éléments familiers pour créer quelque chose de totalement nouveau. Son processus se déroule en plusieurs étapes clés :

1. Apprentissage : L’IAG est entraînée sur de vastes quantités de données. Par exemple, une IAG dédiée au texte « lit » des millions de livres, d’articles et de conversations pour comprendre comment les phrases sont construites et comment les idées sont exprimées. De même, une IAG générative d’images étudie des millions de photos pour apprendre à reconnaître les éléments visuels et leur organisation.
2. Reconnaissance des motifs : L’IAG identifie des motifs et des structures dans ces données. Elle apprend à reconnaître des schémas récurrents, comme la manière dont les mots sont associés ou comment les éléments d’une image sont composés.
3. Création : Lorsqu’on lui demande de générer quelque chose, l’IAG utilise ces motifs pour créer un nouveau contenu. Par exemple, si on lui demande de créer une image d’un « chat portant un sombrero », elle combine les éléments qu’elle a appris sur les chats et les sombreros pour produire une image originale. De même, pour un texte, elle assemble des mots et des structures de phrases de manière cohérente, un peu comme le ferait un écrivain humain.
4. Ajustement : L’IAG vérifie en continu que le contenu généré correspond aux attentes et apporte les ajustements nécessaires pour améliorer la qualité et la cohérence. Par exemple, elle s’assure que le sombrero est bien positionné sur la tête du chat ou que les phrases produites sont grammaticalement correctes.

Applications et limites de l’IAG

Cependant, l’IAG a ses limites. Elle peut parfois produire des contenus incohérents ou des informations incorrectes mais qui semblent « vraies ». C’est pourquoi l’expertise de l’enseignant reste indispensable pour vérifier et adapter les résultats.

L’importance des prompts pour maximiser l’efficacité de l’IAG

Pour maximiser l’efficacité de l’IAG, il est essentiel de maîtriser l’art du prompt engineering, c’est-à-dire la formulation de commandes claires et précises. Par exemple, pour générer un dialogue en français, un prompt efficace pourrait inclure des détails spécifiques comme le niveau de langue, les actes de parole à inclure, et la longueur souhaitée. Ainsi, un prompt bien structuré est la clé pour obtenir des résultats adaptés aux besoins pédagogiques.

Aperçu de quelques applications de l’IAG en classe de FLE

Création de supports pédagogiques (dialogues, exercices, quiz)

L’IAG permet aux enseignants de FLE de créer rapidement des supports pédagogiques adaptés à leurs besoins. Par exemple, un enseignant peut demander à une IAG de générer un dialogue réaliste pour un niveau A2 sur le thème de la commande dans un restaurant. En quelques secondes, l’outil peut produire un échange entre un client et un serveur, incluant des actes de parole comme les salutations, la commande, et la demande de l’addition. Ces dialogues peuvent ensuite être utilisés pour des exercices de compréhension orale ou écrite.

De même, l’IAG peut générer des quiz interactifs. Par exemple, un enseignant peut demander à l’outil de créer un questionnaire à choix multiples (QCM) basé sur un article de presse ou une vidéo. L’IAG peut également proposer des exercices de texte à trous, des activités de classement, ou des jeux de rôle, en fonction des objectifs pédagogiques définis.

Enfin, l’IAG peut aider à créer des supports visuels, comme des images ou des infographies, pour illustrer des concepts ou des expressions idiomatiques. Par exemple, un enseignant peut demander à l’outil de générer une image représentant l’expression « pleuvoir des cordes », ce qui offre un support visuel aux apprenants afin de mieux comprendre et mémoriser cette expression.

Correction automatique et feedback personnalisé

L’IAG peut également être utilisée pour corriger les productions écrites des apprenants. Des outils comme ChatGPT, Mistral.ai ou encore Claude.ai (parmi d’autres) peuvent analyser un texte et fournir un feedback détaillé sur la grammaire, le vocabulaire, et la structure des phrases. Par exemple, si un apprenant rédige un texte argumentatif sur le télétravail, l’IAG peut identifier les erreurs de conjugaison, de syntaxe, ou de cohérence, et proposer des suggestions pour améliorer le texte.

En plus de la correction automatique, l’IAG peut également fournir un feedback personnalisé. Par exemple, elle peut expliquer pourquoi une phrase est incorrecte et proposer des alternatives pour améliorer l’expression. Cela permet aux apprenants de comprendre leurs erreurs et de progresser de manière autonome.

Tutorat virtuel et apprentissage personnalisé

L’IAG peut jouer le rôle de tuteur virtuel, offrant un accompagnement personnalisé aux apprenants. Par exemple, un apprenant peut demander à un outil d’IAG de lui expliquer une règle de grammaire complexe, comme l’accord du participe passé avec l’auxiliaire « avoir ». L’IAG peut fournir une explication claire et concise, suivie d’exemples et d’exercices pour pratiquer la règle.

De plus, l’IAG peut adapter son enseignement en fonction du niveau et des besoins de chaque apprenant. Par exemple, si un apprenant a des difficultés avec la conjugaison des verbes au passé composé, l’IAG peut proposer des exercices spécifiques pour renforcer cette compétence. Elle peut également ajuster la difficulté des exercices en fonction des progrès de l’apprenant. Si vous désirez en savoir plus à ce sujet, nous vous invitons à lire notre article portant sur le tuteur de FLE que nous avons créé à l’aide de la fonction GPT de ChatGPT ou encore la revue portant sur notre test de Mizou, l’outil dédié à la création de chatbot éducatif.

Enfin, certains outils offrant la possibilité d’enregistrer sa voix et de diffuser un audio peuvent être utilisés pour simuler des situations réelles de communication, comme un entretien d’embauche ou une commande au restaurant. Cela permet ainsi aux apprenants de pratiquer leur expression orale dans un contexte où ils peuvent se sentir à l’aise tout en gardant une dimension interactive.

Nous avons particulièrement apprécié le fait que la formation propose plusieurs études de cas pour illustrer les différentes manières d’utiliser l’IAG. Par exemple, une des études de cas illustre la manière dont il est possible d’utiliser l’IAG pour créer des supports pour des cours de Français sur Objectif Spécifique (FOS) où il est nécessaire de pouvoir recourir à des supports pédagogiques répondant à des besoins très spécifiques. Une autre porte sur la façon d’utiliser l’IAG pour créer des exercices de compréhension écrite et orale à partir de documents écrits et oraux, activité qui est souvent très chronophage pour les enseignants.

Les défis éthiques et pratiques de l’utilisation de l’IAG en éducation

La formation aborde également un point qui, à notre sens, est primordial lorsque l’on s’intéresse à ces nouvelles technologies et porte sur les défis éthiques liés à l’utilisation de l’IAG.
Les questions éthiques que cette utilisation soulève porte notamment sur la protection des données et de vie privée. Les outils d’IAG collectent et traitent des données personnelles, ce qui exige le respect de réglementations comme le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) qui s’applique en Europe. Ainsi, les enseignants doivent informer les élèves et leurs parents sur l’utilisation d’IAG et obtenir leur consentement éclairé. Ils doivent par ailleurs éviter de partager des informations sensibles comme les noms complets des élèves ou des détails sur leur vie privée.

La fiabilité des outils d’IAG est également un enjeu majeur. En effet, une IAG peut « halluciner » des faits ou des références qui n’existent pas ou produire des textes qui semblent cohérents mais qui contiennent des erreurs subtiles. Cela signifie qu’il est de la responsabilité de l’enseignant de procéder à une vérification rigoureuse des résultats fournis avant leur utilisation en classe. Il est également essentiel d’encourager les élèves à adopter un esprit critique face aux informations générées par l’IA et à les vérifier auprès de sources fiables.

Enfin, l’un des défis majeurs de l’utilisation de l’IAG en éducation est de ne pas perdre la dimension humaine essentielle à l’apprentissage. Bien que l’IAG puisse offrir un feedback personnalisé et des explications détaillées, elle ne peut pas remplacer l’interaction humaine entre l’enseignant et l’élève. L’IAG ne doit pas remplacer l’interaction entre l’enseignant et l’élève, mais plutôt la compléter. L’enseignant reste indispensable pour motiver, guider et répondre aux besoins individuels des élèves, tandis que l’IA peut servir d’outil d’appui, par exemple pour corriger des copies ou fournir des explications supplémentaires.

Se former et rester informé(e) sur l’IAG

IFprofs: Une communauté  et partage d’expériences

L’IAG évolue à une vitesse vertigineuse. Pour cette raison, nous recommandons chaudement à toute personne intéressée par ce sujet d’aller plus loin et chercher des moyens de se tenir informé(e) des dernières nouveautés et avancées dans ce domaine. Que ce soit pour découvrir de nouveaux outils, comprendre les (nouvelles) réglementations en vigueur ou simplement s’inspirer, mener une veille régulière est un excellent moyen pour les enseignants de FLE de trouver des façons créatives et pertinentes d’exploiter l’IAG tant pour relever leurs propres défis que ceux de leurs élèves.

La plateforme IFprofs est définitivement une ressource que nous vous recommandons de consulter régulièrement. Notre article vous a donné un aperçu du contenu de leur formation Le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) en FLE : par où commencer ? que nous vous encourageons à suivre si le sujet de l’IA vous intéresse mais que vous ne savez pas par quel bout vous y prendre. 

Au-delà de cette formation, la plateforme IFprofs propose également d’autres types de contenus spécifiques à l’enseignement du français, un espace personnel pour sauvegarder des ressources, des actualités et webinaires réguliers pour vous tenir informé(e) des dernières tendances et des opportunités de formation et enfin un réseau professionnel pour collaborer et échanger avec des collègues du monde entier.

En complément d’IFprofs, les réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter), LinkedIn ou encore Facebook constituent des sources précieuses d’informations en temps réel. En suivant des experts, des chercheurs et des groupes thématiques, et en utilisant des hashtags comme #IA ou #IAenEducation, vous pouvez accéder à des contenus ciblés et pertinents.

Autres ressources et notre blog collaboratif dédiée à la veille et aux expérimentations

Suivre des formations en ligne (MOOC sur FUN MOOC, Coursera ou edX) ou s’abonner à des sites web et blogs spécialisés sont une autre manière de se tenir au courant des dernières avancées et de se former à son rythme.

Pour vous faciliter la tâche et vous accompagner dans cette démarche, nous vous invitons également à nous suivre sur les réseaux sociaux et visiter notre blog régulièrement. Nous y partageons :

• Des tests d’outils IA pour vous faire découvrir les outils que vous pourrez peut-être intégrer afin de gagner du temps et d’innover dans vos méthodes d’enseignement
• Une veille technologique active pour vous tenir informé(e)s des dernières innovations et tendances en matière d’IA.

Mais nous avons également à cœur de faire de ce projet un espace ouvert et collaboratif, où chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.Vous avez des idées de contenu ou des retours d’expérience que vous aimeriez partager avec d’autres profs de FLE ? Nous sommes ouverts à vos propositions et serions ravis de vous donner la parole sur notre plateforme. Si vous souhaitez partager vos découvertes, vos tutoriels ou vos réflexions, n’hésitez pas à nous contacter !